Histoire de Plancherine
Sous l’ancien régime
Vers la fin du IX siècle, après les invasions barbares, le Seigneur de Chevron, accorde un alleu à la paroisse de Plancherine, c’est à dire des terres exemptées de redevances seigneuriales, pour lui permettre de reconstruire son église.
Au XII et XIII siècle, de 1171 jusqu’en 1246, la paroisse fait partie, avec Gémilly, Tournon et Verrens, des 4 églises administrées par les Chanoines de St Augustin du prieuré de Cléry. Elle dépend ensuite de l’archevêché de Moutiers, pour les affaires religieuses et du mandement de Tournon pour la justice.
En 1132, l’Archevêque-Comte de Tarentaise, Pierre I, fonde une abbaye cistercienne sur les terres données par les Seigneurs de Chevron, sur le territoire de Plancherine au Vallon de Tamié. A partir de cette date l’histoire de Plancherine devient indissociable de celle de l’abbaye jusqu’à la Révolution en 1792. En 1176 les abbés de Tamié construisent une grange et un cellier sur le versant bien exposé au chef-lieu du village, qu’ils ont acquis par donation. En 1357, ils achètent une grange au hameau des Trois-Nants.
A la fin du XIVème siècle ou début XVème, les abbés de Tamié obtiennent du Comte de Savoie le titre de "Seigneurs de Plancherine". Ils construisent une maison forte seigneuriale qu’on appelle "La Tour" à côté de leur grange du chef-lieu. Les traces extérieures et vestiges intérieurs actuels témoignent de l’ancienne richesse de cette demeure. Les abbés en feront leur résidence principale pendant plusieurs siècles. Ce qui lui valut la dénomination de "Tour Gaillarde" au XVIIème siècle, en raison de la dissolution des mœurs des abbés. En 1677 l’abbé de Somont, initiateur de la réforme de l’abbaye, fait disparaître de "la Tour" tout ce qui pouvait évoquer le luxe d’antan. Il n’en subsiste qu’un modeste bâtiment, conservé comme symbole du pouvoir seigneurial de l’abbé de Tamié sur Plancherine. La Tour est vendue comme bien national en 1793. Elle sera occupée par différents propriétaires jusqu’après la première guerre mondiale.
En 1728, on dénombre sur la mappe sarde (ancien cadastre) 62 maisons, 13 fours, 67 granges, un martinet et clotrier au chef-lieu; au Vallon de Tamié on trouve un moulin, un étang d’eau et un poissonnier à Martignon, 2 chèvreries, l’une à l’abbaye, l’autre sous la montagne du Drison. L’abbaye possède plus des 3/5 du territoire de Plancherine. En 1791 le village compte 279 habitants.
L’école
De 1784 à 1792 une école, administrée par le curé, accueille indifféremment filles et garçons, uniquement en hiver; elle fonctionne, alternativement une année au village de Verrens, l’autre à celui de Plancherine. A partir de l’hiver 1793 une école est établie définitivement à Plancherine dans une pièce de la maison commune.
En 1860 le rattachement de la Savoie à la France est plébiscité par les 91 électeurs de Plancherine.
Le bâtiment de la mairie-école actuel est construit en 1871. Il abrite l’école publique jusqu’en 1992, date de la fermeture définitive de l’école. La baisse de la population avait entraîné une première fermeture en 1966, puis la réouverture en 1982, avec 19 élèves pour 230 habitants. Depuis 1992 le bâtiment municipal abrite la mairie et un logement locatif. Ses abords et différents aménagements intérieurs sont réalisés en 2005.
L’église
Le XIXème siècle voit la construction de l’église actuelle durant la période sarde, de 1840 à 1844, sur l’emplacement de l’ancienne église, plus petite. Les malfaçons de la voûte seront à l’origine des détériorations ultérieures. Le décor intérieur d’origine, fait d’enduits colorés bien conservés malgré des dégradations dues aux infiltrations, est une exception dans la région, car la plupart des décors intérieurs ont été crépis de blanc. L’aménagement actuel des abords de l’église débute en 1975. En 1979 le bâtiment doit être consolidé par des tirants métalliques et une ceinture en béton. De 2007 à 2008 la commune procède à la réfection des façades extérieures, dans l’esprit du bâtiment d’origine.
Le presbytère
En 1839, le presbytère est qualifié de "propre et bien construit" avec un beau jardin et une fontaine, tandis que la maison communale n’est "qu’une chambre de médiocre état" qui sert d’école en hiver. En 1884 la commune doit refaire entièrement la toiture du presbytère et effectuer des travaux intérieurs importants, refusant de reconstruire à neuf et d’agrandir le bâtiment, comme l’exigeaient les autorités ecclésiastiques, faute de financements. A partir de 1959 la paroisse n’a plus de curé, la cure est sans occupant. En 1966 la commune effectue des réparations à la toiture et aux cheminées. En 1985, la partie basse, anciennes écuries du bâtiment, est transformée en garage pour le véhicule incendie; une salle de réunion pour les pompiers est aménagé au premier étage. De 1997 à 2000 la municipalité réhabilite le presbytère pour le transformer en local associatif et y maintient un logement locatif.
La Savoie devient française
Les travaux d’élargissement et de construction des principales voies de communications qui relient le village à Frontenex, Gilly et Tamié sont entrepris entre 1861 et 1877, dès le rattachement de la Savoie à la France. Ces routes remplacent les chemins escarpés et souvent dégradés. La construction des routes des hameaux devra attendre les années 1936 et même 1960 pour la route des Martins.
Les travaux d’adduction d’eau potable sont réalisés de 1904 à 1915, avec le captage de la source du Bonté, sur le Vallon de Tamié. Le réseau électrique est construit entre 1920 et 1928. Le bureau de tabac du chef-lieu reçoit le premier téléphonique public en 1921. Les travaux d’assainissement sont entrepris à partir de 1993.
La population est en forte baisse depuis la guerre 14/18 (157 habitants en 1954). La hausse régulière qui suivra à partir de 1955 ne permettra pourtant pas de garder l’école, même si en 2008 la population compte 400 habitants. Dans les années 1960 l’épicerie du village ferme à son tour.
Aujourd’hui le village a conservé 2 fours situés au hameau de Sous le col et celui des Piffet. Trois oratoires construits au XIXème siècle, au Col, aux Piffet et au Chef-Lieu, sont en bon état de conservation, ainsi que plusieurs bassins d’eau vive; celui du Chef-Lieu est daté de 1802.
Un grenier avec une poutre datée de 1743 subsiste au village.
En février 1995, le conseil municipal approuve le projet de Charte du Parc Naturel Régional des Bauges, et adhère à son syndicat mixte de gestion.
Le Vallon de Tamié, lieu de passage, est devenu très tôt lieu de pèlerinages, puis un lieu touristique. L’abbaye en est le centre. Le fermier de l’abbaye à La Cassine avait ouvert une auberge vers 1680. Ferme et auberge ont disparu depuis longtemps.
L’auberge du "Petit Bon Dieu" est construite en 1855 à Malapalud. Dans les années 1900, elle deviendra le "restaurant du Tilleul" où seront organisés trois bals annuels. En 1936 l’abbaye rachète le bâtiment et fait fermer le café qui subsistait. C’est aujourd’hui l’habitation des fermiers de l’unique exploitation agricole de Plancherine.
Pendant l’hiver 1941, Le Vallon de Tamié devient le centre d’entraînement des membres du club de ski "les Chamois du Pic de la Belle Étoile". Des compétitions y sont organisées. En 1961 deux téléskis sont installés à Mallapalud, ainsi qu’un chalet hors sac; en 1972, lorsque la station ferme, faute de neige, le chalet devient un bar/restaurant. On pratique aujourd’hui le ski de fond et la luge en hiver. Un second bar/restaurant est ouvert en 1995, au bord de la route.
Des aires de stationnement et de pique-nique sont aménagées. C’est le pôle touristique de la commune.
Les centres de vacances
A partir de 1929, la commune a abrité plusieurs centres de vacances. En 1962 on recense 5 colonies de vacances sur la commune, soit 500 enfants, alors que la population locale compte seulement 187 habitants.
Le Château de Plancherine (La Tour) abrite la colonie de vacances d’une paroisse de la région parisienne jusqu’en 1972, date de sa fermeture pour non conformité. Les autres centres sont installés au Vallon de Tamié. Depuis 1964, le "centre alpin de Tamié" de la ville de Saint-Cloud accueille régulièrement, au hameau du Bonté, diverses classes de cette ville une dizaine de mois par an. Ce sont, avec "Les Florimontains" (http://lesflorimontains.e-monsite.com/), côté Abbaye de Tamié, une association de la ville d’Auxerre, les deux centres qui subsistent en 2014.
Avec les remerciements de la commune à Aline et Jean-Pierre YUNG pour cet historique.